FLAINE , BETON SENSIBLE

Flaine et la question du patrimoine

Oui, le village de Flaine est classé à l' inventaire du patrimoine,(immeuble Bételgeuse/Hôtel "le Flaine"), et à ce titre, bénéficie d'une protection légale de ses constuctions et d' un réglement stricte quant à ses aménagements futurs.

La reconnaissance  de ce site comme " patrimoine bati " nationale est donc une réalite.

C' est un ravissement permanent de voir le visage d' un haut savoyard(ou d'ailleurs) se tendre soudainement à cette annonce;au mieux il est pris d'une curiosité suspicieuse , plus généralement,d'une crispation de la machoire inferieure , exprimant un dégout teinté d'une haine à peine dissimulée.

Le constat est sans appel, Flaine ne plait pas , ou du moins pas souvent,,,

Elle cristalise à elle seule,l' incompréhension qui règne entre les architectes et le public .Ce dialogue de sourd ne se résume pas à ce lieu , c'est un exemple parmis d' autres, mais particulierement spéctaculaire, de la cassure entre l'architecture du 20éme siècle et la perception du public qui utilise quotidiennement cette discipline.

Dans sa radicalité qui frappe d' abord les esprits, il existe pourtant à Flaine une qualité indéniable des espaces.Elle revêt plusieurs niveaux de lecture:plan masse qui qualifie et articule les batiments dans le site; traitement des différents niveaux proposant une urbanité propre à la station, la qualité intrinsèque des constructions,,etc.

Cas d' école pour s' interroger sur un lieux modelé de toute piece et qui fonctionne depuis presque 40ans.

Sur l'architecture en général, on peut se demander le comment du pourquoi de ce malentendu permanent. 

Aux architectes, en premier, incombe une responsabilité."L'homme de l'art" est souvent obscur sur la pédagogie de son metier, considérant que son savoir n' est pas à mettre en cause par le citoyen lambda ( et qui faut etre du serail pour comprendre "son art").Dommage, un peu moins de morgue aurait peut etre évité cette situation qui ne fait qu' empirer.

En second lieu, notre société et son système d' enseignement sont à interroger:L 'architecture ne bénéfie d' aucun apprentissage dans le cursus francais.CENT ANS de travail, de recherche, de création, sont littéralement ignoré du public.Le Corbusier est vaguement présent dans certains esprits,inutile d' essayer de parler de Gropius,Alto,Van der roh, ou  de Wright,,,,,ou de Breuer,architecte de Flaine (entre autre, en 40 ans de carriere)

Il faut évoquer notre rapport au bati, nous somme peu en clin au changement quand on parle d' architecture.Frilosité générale sur ce point;une maison doit avoir un toit avec des pentes,le béton c'est bien pour les parking, et la montagne ne saurait souffrir d' autre choses que de "chalets", figure de proue de l'idée de patrimoine de montagne.

Le patrimoine ne serait il pas en réalité fait de plots , de tuiles mécaniques,et de crépis savament ocrés ,,puisque l' on ne fait quasiment que cela depuis 5Oans?

Il est impressionant de voir la multiplication dévastatrice de batiments rivalisant par leur absence de recherche.

La question du logements notament, n' est plus que l' apanage de constructeurs et de promoteurs dont le problème central est celui du bénéfice à court terme.Cet état des lieux n' est pas nouveaux, il est simplement d' autant plus d' actualité que le nombre de construtions explose en france (et en 74 plus qu' ailleurs encore).

 

maison PLOTTIER 1969, Bonneville 74

Pour résumer grossierement, un chalet en madrier en périphérie d' une ville ne choque personne,alors qu' il est interdit de construire une maison avec un toit terrasse,et de laisser ses murs en béton brut.

Enfin ,etre pris pour un dingue (ou pire un intégriste dangereux,,) en m' éclatant à flaine m' amuse et constitue un challenge pour ma nature bouillonante:répondre gentiment aux gens fermés,,est exellent pour travailler la respiration ventrale,,et le controle de soi en générale,,,

Je vais donc me fendre de quelques heures par semaine sur ce blog pour promouvoir les nombreux exemples, en france, en europe (suisse,portugal,hollande,etc,) de réconciliations reussies entre une architecture "ordinaire" de qualité et les demandes de la population.En Haute Savoie aussi, certains se battent, architectes,CAUE,amateurs divers,,,exemples dans un prochain episode,,,

Rodolphe Fauquet

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UNE IDENTITE FORTE, un geste culturel

L’histoire de la création de Flaine est atypique dans le contexte de l’émergence des stations de l’époque et celle-ci participe largement à l’identité du projet.

Comme dans le cas de Courchevel ou des Deux-Alpes, on est bien en présence d’une maîtrise d’œuvre unique contrôlant l’ensemble du foncier et la gestion financière globale ainsi que d’une réflexion rationnelle de l’espace. Mais alors que les stations intégrées étaient en général promues par un groupement de personnes et / ou d’intérêts, Flaine est née de la volonté d’un couple de passionnés, Eric Boissonnas, géophysicien de formation,  et sa femme Sylvie. Tous deux issus de familles fortunées, leurs moyens financiers sont pratiquement illimités. Passionnés d’art et d’architecture, ils passent quatorze ans aux Etats-Unis, où ils  s’imprègnent définitivement de la modernité du pays.

Ils reviennent en France avec l’intention d’expérimenter au sein du milieu qui les passionne, la montagne, une nouvelle forme de villégiature ou l’art et le respect du milieu naturel seraient des principes fondateurs.

« J’avais été frappé de ce qu’il était, et est toujours, quoique dans une moindre mesure, plus facile outre atlantique de se familiariser avec la création contemporaine. En France, la révérence inspirée par les vestiges du passé, patinés par l’âge et ordonnés selon des compositions traditionnelles, nous éloigne des créations actuelles » ( E.Boissonnas ,1994).

« C’est ainsi que nous est venue l’idée en 1957, de créer quelque part en France, un prototype d’urbanisme, d’architecture et de design, pour lequel la rentabilité immédiate serait subordonnée aux choix esthétiques et au respect de l’environnement » (E.Boissonnas,1994). 

L’identité de Flaine est donc clairement définie avant même les premières esquisses, elle se doit d’être un « chef d’œuvre ». Elle naît d’une démarche culturelle qui vise à concevoir un lieu unique où l’on viendra autant pour profiter de l’art que pour skier.

Dès le début, c’est une pensée et des choix esthétiques qui sont mis en avant. Une aspiration claire à un ordre architectural raisonné, les amènera naturellement à choisir un architecte unique pour l’ensemble du projet ; la question du budget quant à elle n’est pas de mise, une architecture trop utilitaire risquant d’altérer leurs vues visionnaires.

Après de multiples recherches, l’architecte suisse Gérard Chervaz et Eric Boissonnas découvrent lors d’une randonnée le vallon de Flainoz, au cœur du massif de L’Arve et du Giffre. Le site est exceptionnel, vierge et isolé : il semble d’emblée à la hauteur des ambitions des époux Boissonnas.

C’est le début de l’aventure, il n’y a pas de route d’accès, les politiques juridico- financières sont à inventer, les acteurs politiques et l’ensemble de la chaîne de décision administrative de l’époque sont à mobiliser.

Après de nombreuses péripéties les travaux commencent enfin, ils mettront plus de dix ans à se concrétiser par l’ouverture effective aux touristes.

Flaine apparaît comme une aventure humaine sans précédent dans les Alpes, un rêve de perfection, une quête radicale de la beauté.

introduction

INTRODUCTION

Dans les années soixante, alors que la pratique des sports d'hiver commence à se répandre, la France se lance dans une politique de mise en valeur touristique de ses montagnes, qui offrent d'énormes potentialités.

La création en 1964 du Service d'Etude et d'Aménagement Touristique de la Montagne (SEATM) consacre l'avènement du "Plan Neige" qui va permettre dans les Alpes du Nord, la mise en chantier des stations "intégrées", dites également de "troisième génération". Cette politique de planification est concomitante de la mise en valeur des littoraux notamment celui du Languedoc et c'est plus globalement l'âge d'or de la politique d'aménagement du territoire en France, au coeur des « Trente Glorieuses », tout juste un an après, l'instauration de la DATAR.

C'est dans ce contexte où l'aménagement de la montagne devient l'un des grands enjeux du développement économique national, que Flaine voit le jour en 1968.

Tandis que les stations de la première génération (ou génération spontanée), comme Megève ou La Clusaz ont vu l'apparition des remontées mécaniques autour d'un village déjà existant, les stations de la seconde et de la troisième génération, sont des créations ex- nihilo, à partir d’espaces vierges.

La troisième génération prend le relais d'un ensemble de stations dont Courchevel, Chamrousse et l'Alpe d'Huez sont des exemples types, et qui victimes de leur succès ont connu à des degrés divers, des phénomènes d'emballements spéculatifs et des développements urbanistiques anarchiques et désordonnés.

Le défi qui est donc à l'époque lancé à cette troisième génération de stations de sport d'hiver est de réaliser des projets "intégrés", cohérents, avec une volonté de maîtrise qui va de l'architecture au fonctionnement global, en passant par le financement, la conception et la réalisation. Les stations de Flaine, d'Avoriaz ou des Arcs, sont donc fortement marquées par les notions de "maîtrise" et de "vision globale". La recherche d'unité et d'esthétisme est au coeur du renouveau, l'idée même de modernité est clairement revendiquée et affichée.

La spécificité et la singularité de Flaine reposent pour beaucoup sur la personnalité de son commanditaire: Eric Boissonnas, et sur le talent et l'avant-gardisme de son maître d'oeuvre: Marcel Breuer.

Flaine se veut dès l'origine, un prototype d'urbanisme, d'architecture et de design voué autant à la pratique des sports d'hiver qu'à l'exaltation de l'art et de la culture.

Le choix du béton brut est un écho à la minéralité grandiose du site naturel, un parti pris artistique qui d'emblée marque une rupture avec les représentations traditionnelles. L'imagerie populaire de la montagne est souvent à mille lieux des théories et des pratiques du Bauhaus et beaucoup ne verront hélas qu'une architecture brutale et froide, et resteront hermétiques à l'harmonie qui se dégage pourtant entre les façades et les éperons rocheux. La reconnaissance culturelle du site est cependant au rendez-vous, dès 1992, lorsque certains bâtiments sont classés à l'inventaire du patrimoine historique.

Flaine reste en ce sens, une illustration assez symptomatique de l'incompréhension qui sépare souvent au vingtième siècle, les grandes oeuvres de l'architecture contemporaine et leur public.

Alors qu'un des objectifs de départ était de permettre la rencontre entre les loisirs et la culture, la culture à Flaine est souvent devenue au fil des ans un alibi touristique plus ou moins assumé qui peine à trouver sa place au milieu de pressions multiples, financières et spéculatives : nécessité de densifier l'habitat, difficultés d'entretien des bâtiments qui se dégradent, nouvelles attentes des touristes en termes d'infrastructures...

Malgré ces difficultés, l'esprit novateur du site et sa vocation culturelle demeurent vivants à travers le centre culturel dirigé par Gilbert Coquart, qui propose un espace d'exposition et une bibliothèque de prêt, mais aussi par des visites guidées, des conférences, l'organisation d'un festival de musique classique au sein de l'auditorium.

Mais si l'ambition culturelle de Flaine est maintenue à flots par quelques passionnés, elle n'en est malheureusement plus tout à fait la colonne vertébrale. Le centre culturel apparaît trop petit, et manque de visibilité au sein du bâti, quant aux activités et aux pratiques qu'il propose, elles ne paraissent plus à l'échelle d'une fréquentation devenue pléthorique. Tandis que la capacité d'accueil de la station a doublé, l'offre culturelle n'a fait que se maintenir. Il semble devenu aujourd'hui impératif de redimensionner cette offre en termes de pratiques d'une part, en termes de surfaces bâties et de centralité d'autre part.

La problématique qui se pose aujourd'hui à Flaine pourrait se résumer de la manière suivante : proposer un renouveau en redonnant une place majeure à la vocation culturelle du site, en même temps qu'une alternative solide au mythe quelque peu artificiel de la "station-village" de la quatrième génération, ou succomber aux tendances du marché touristique quitte à y perdre un peu de son âme ? 

FLAINE ET LES CASTORS D' INTRAWEST

Flaine parait etre à un tournant de son dévelopement,pas moins de trois projets, dont deux en construction sont en passe de voir le jour.

Le projet D'intrawest tout d' abord,,,,

Apres le hameau scandinave,,sic,, des années 80, voila un projet immobilier qui repousse un peu plus encore , la grossiereté et la vulgarité de certains promoteurs," les Terrasses d' Eos" donc,,magnique paté "néo savoyard": Tout y est, plan masse qui sent la densification au taquet du POS,toitures en pentes avec chiens assis, bardage bois degueulant dans tout les sens, LA TOTALE,

Le hameau "scandignangan" avait au moins l'avantage d' etre bien retrait de flaine meme;la j' imagine bien le pauvre archi, et surtout son patron se placer à l'extreme limite du cercle imposé par le classement du Beltegueuse au patrimoine historique.Bravo les gars vous allez surement faire de l'argent, ne dite surtout pas à vos futurs acheteurs que vos perspectives d'" intégration dans le site"sont fausses, ils seront effectivement beaucoup plus près de la route que les images ne le montre.(de plus il faudra oublier l 'expo ouest,,)

Cas d'école d'un fulgurant retour en arriere,comme le connait d'autres stations d' ailleurs:"Disneylandisation "dans la vallée "Tyrollisation "dans les alpages,,,,la chance unique qu' avait Flaine d'etre un laboratoire de l'architecture contemporaine en montagne est douloureusement compromis pas cette daube indigeste.Dommage l' architecture contemporaine et le bois font pourtant bon ménage,(mettre du bardage verticale sur des plot ca c'est de la finances,,,, )allez les élus ,, faire un tour au Voralberg(autriche).

Le second , les résidences "Les pleiades ", relèvent le défis de faire du Breuer en le réactualisant,, la trame est respecté,on retrouve des pignons de flaine foret,,pas assez punk à mon gout mais ma foi ,trés réspectable tentative.( oui BREUER  etait un punk, vous l'ignoriez??)

Enfin dernier projet ," LeTerminal neige", la attention on rigole plus.Dans le prolongement du Totem en face de l' Alderbaran, ce projet , est tout droit sorti de l' atelier de Christian HAUVETTE( l 'un des meilleurs praticiens et théroriciens de l'architecture francaise);Avec son colaborateur, Guillaume Relier, ils propose un projet tout en finesse et en intuition,,. Je n' ai vu que des images de synthèse,mais surtout une coupe, et je sais reconnaitre croyez moi,de la bonne, architecture,,,.Actuellement le projet est en phase PC, si les nombreux services inhérant à la construction se détendent, ca va etre une belle surprise.

rodolphe fauquet

le béton te cause,,répond lui

Située en Haute Savoie, la station de FLAINE est l' un des premiers exemples de station dite"integrée".

Sous cette appelation,il faut comprendre une conception globale et une réflexion transversale de l' ensemble des équipements: accès,stationnement des véhicules, implantation des constructions dans le site , gestion des reseaux,infrastructures divers ect,,

Ouverte en 1968, les premieres esquisses de Flaine sont de 1960, elle sont le fruit du travail Marcel Breuer et son collaborateur le plus proche ,Robert Gatje.Cette oeuvre de taille, a été initié par Eric Boissonnas, géophisicien de formation, et surtout mécène passioné,qui avec toute une equipe mis plus de dix ans à faire aboutir le projet, (cf "Flaine, la création" ed. du linteau 1994)

De leur collaboration va naitre un lieu singulier,la rencontre d' un territoire alpin remarquable et d' une architecture puissante et engagée .

A l'abstraction géologique du désert de Platé et de ses lapiaz,l' architecte propose la sienne; se servant d' une trame sans cesse renouvellée et enrichie par la mise en oeuvre savante et sensible des matériaux:béton, pierre,verre,bois,végétaux.

La minéralité trés forte du site , justifie ainsi pleinement l'utilisation prédominante de ceux ci dans les construtions.

En prenant le temp d' observer et de ressentir les jeux d'ombres et de lumières du "site naturel" et du "site bati",on comprend qu' un dialogue et un échange s' instaure entre eux deux.

Oubliez un moment vos à priories sur le béton et la géométrie stricte, laissez de coté les images d' épinal du chalet de montagne, prenez le temps de la marche et de la comtemplation , vous serez alors peut etre surpris par vos sens,,,